When the Man in a Moon Seeks a Wife

décembre 1908 Film de Percy Stow (GB)

Histoire : Depuis la Lune un homme observe la Terre grâce à un télescope. Zoomant sur Londres, il décide, étant isolé, qu’il voudrait une anglaise comme épouse. L’homme, inventeur invétéré, imagine un gaz antigravitationnel qui lui permet d’aller sur Terre. Il part donc et atterrit sur le toit d’une école pour filles. En descendant il rencontre un policier qu’il emmène faire un tour dans les airs. Il rencontre ensuite une jeune femme qu’il veut épouser et qu’il décide en lui faisant sa proposition flottant au plafond par la grâce du gaz antigravitationnel. Ils finiront logiquement en lune de miel assis sur un croissant de lune.

Commentaires : Il s’agit là du premier extraterrestre en quête d’une compagne, thème que l’on retrouvera évidemment en science-fiction, en thème principal ou secondaire, et, notamment, quelques années plus tard, avec une dame extraterrestre, dans « Aelita ».

The Doctor’s Experiment

1908 Film de ? – Fr

Histoire : un scientifique veut prouver que l’homme descend du singe. Il tourne en rond jusqu’à ce que l’idée lui vienne d’expérimenter l’inverse : grâce à un sérum créé par prélèvement sur un singe, il fait régresser quelques cobayes humains. Ceux-ci se comportent alors comme des singes. Un résultat est encore plus inattendu : les passants se comportent pareillement comme par contagion. Hélas, le docteur ne réussit pas à trouver une antidote et tout ce petit monde est enfermé dans une cage et mis en exposition que le Docteur visitera en compagnie du singe qui lui servit à faire le cobaye.

Commentaires : comme The Monkey Man de la même année, et comme d’autres plus tard, le film trouve motif scénaristique au thème récurrent de la transformation humaine dans la théorie de l’évolution de Darwin – qui agite toujours notre monde. Les scénarii jouent alors facilement de l’inversion, celui-ci le premier, dont l’autre titre est Darwin’s reversing theory. En un sens, la transformation n’est pas sans rappeler Jekyll and Hyde. On s’amuse donc à titiller le spectateur en lui surjouant ce qui le gratte dans cette caricature théorique (le fameux « l’homme descend du singe ») en le renvoyant dans une cage – sous l’oeil intrigué d’un visiteur simiesque qui plus est.

Bien que français, je n’ai pas de titre V.O. encore moins de nom de réalisateur. L’image en Une est une caricature bien connue de Darwin, qui illustre, en un sens, le propos du film.

La Photographie Electrique à Distance

1908 Film de Georges Méliès (Fr)

Histoire : un couple vient visiter un inventeur qui leur fait une démonstration de son invention : la photographie électrique « à distance ». Une invention qui ne fait pas que photographier au sens conventionnel mais qui fait un portrait révélant la personnalité du modèle. Le portrait de l’épouse est bien rigolard, mais celui de l’époux ne va pas être pour lui plaire…

Commentaires : C’est à nouveau l’électricité qui est utilisé pour expliquer la faisabilité d’une invention qui – avouons-le – on saisit mal le fondement scientifique : elle présente non seulement une image animée d’un modèle inanimée mais également la personnalité du modèle. Il s’agit en un sens d’un mixe entre photographie améliorée et un portrait « à la Dorian Gray »…

Un parallèle entre l’invention ici présente et le cinéma lui-même ne semble pas superflu. L’invention fait également penser à l’imagerie médicale, révélant ce qui n’apparait pas. On notera sur ce point que les rayons X avaient été découvert en 1895, l’année de la naissance du cinéma. Ce qui est révélé ici n’est pas l’anatomie secrète du corps, mais un peu l’image secrète de la psyché de celui qui joue le jeu de la Photographie Electrique à Distance…

The Invisible Fluid

juin 1908 Film de Wallace McCutcheon (USA) inspiré de L’Homme Invisible (1897) de H.G. Wells

Histoire : Un scientifique invente un spray qui rend invisible les objets. Il l’envoie à son frère qui pourrait être intéressé par sa commercialisation. Celui-ci pense que l’invention est une plaisanterie et s’en asperge devant le coursier. Il disparaît et le coursier, comprenant l’intérêt qu’il peut tirer du liquide vole le spray. Il sort et teste d’abord sur un chien, laissant la propriétaire tenir une laisse sans animal. Il l’utilise plusieurs fois, provoquant divers incidents, comme la crise de nerf d’une « just-married » après la disparition de son nouvel époux. Il entre finalement dans un restaurant où, après avoir mis une belle pagaille, il fait disparaître le caissier plutôt que de payer. L’action du fluide s’avère cependant momentané, et notre « héros » est poursuivi par ses victimes. Il finira devant le juge, entouré de policier. Là, bien sûr, il s’en sortira en se rendant invisible lui-même, au grand dam des représentants de la loi.

Commentaires : Sous l’influence du roman de Wells*, le thème de l’invisibilité deviendra un thème cinématographique d’autant plus intéressant qu’il offre de faire pirouette : filmer ce qu’on ne peut voir. Il s’agit apparemment du premier film sur ce thème. On notera pour l’instant l’existence d’un film de Aylott, la même année, portant le titre de The Invisible Button, sur lequel je ne trouve pas encore d’informations.
Le terme spray est assez étonnant. En effet, l’idée est ancienne, mais sa mise en oeuvre ne daterait que des années 1920…

* Le film est signalé comme la première adaptation du roman. Je trouve que le récit reste assez éloigné pour, par compromis, dire qu’il en est inspiré.

Dr Jekyll and Mr Hyde

mars 1908 Film de Otis Turner (USA) basée sur la pièce tiré de L’Etrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson

Histoire : Dans un jardin, le Dr Jekyll courtise Alice, mais, déjà sous l’effet de la potion qu’il a créé, se transforme et l’agresse. Le père de la jeune femme vient à son secours. Il succombe sous les coups de Hyde. Plus tard, Jekyll, en visite à un ami avocat de la Chancellerie délire et se voit jugé et pendu. Lorsqu’Alice visitera Jekyll accablé de remords, celui boira à nouveau la potion. Là, Hyde absorbera un poison dans le but de détruire l’homme qu’il hait le plus : Jekyll, mettant ainsi fin à ses propres jours.

Jekyll-mansfield
Mansfield, acteur de la pièce de Fish, dont le jeu était si impressionnant qu’il fut suspecté d’être Jack l’Eventreur

Commentaires : Il s’agit là apparemment de la première adaptation du roman de Stevenson. Il n’en reste hélas aucune bobine. Pour une durée de 16 mn, le scénario réussi apparemment une adaptation intéressante de ce jalon de la science-fiction. L’acteur semble avoir incarné un Hyde assez terrifiant. Le roman avait déjà connu des adaptations théâtrales, et c’est une de ces réécritures, faite pour une durée courte, qui ait été à la base du film de Turner, celle écrite par Forepaugh et Fish en 1897, avec Richard Mansfield.

Turner est souvent cité comme réalisateur, néanmoins des informations contradictoires laissent planer des doutes sur ce point.

Galvanic Fluid

février 1908 Film de J. Stuart Blackton (USA)

Histoire : le Pr Watt découvre un fluide qui donne le pouvoir de voler. Il fait voler différents cobayes ce qui attire l’attention de la police qu’il envoie dans les airs également. Les policiers reviennent avec des renforts, mais le Pr Watt leur échappe en s’aspergeant lui-même du fluide et en volant jusqu’à sa demeure. Là, une foule le rattrape, dont il se débarrasse avec le même procédé. Mais il fait tomber le précieux liquide qui explose et met fin à ses expérimentations douteuses.

Commentaires : devant le succès des premières aventures du Pr Watt dans Liquid Electricity Blackton tourne une suite. L’intrigue est simple et joue avec l’effet spécial avec une structure crescendo, ce qui devait assurer le comique. Encore une fois, le Pr Watt le bien nommé utilise l’électricité pour une invention des plus étonnantes. La galvanisation est aussi dans l’air du temps, on se souviendra que la technique est à la base de la création de Frankenstein. Notre Professeur, pourtant génial, en use de tel manière qu’il cause plus de problème qu’il n’en résout, et cette invention a des répercussions sur le (petit) monde qui l’entoure, comique, certes, qui finissent de donner une couleur science-fiction à ce court.

Une publicité de 1844 qui rappelle notre court. Il ne s’agit pas de voler ici, mais de soigner rhumatisme, mal de dent, bronchite, épilepsie, crampes, etc, etc…
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