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Dr Jekyll and Mr Hyde

1912 Film de Lucius Henderson (USA) d’après L’étrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson

Histoire : Le Dr Jekyll développe une potion qui le transforme en Mr Hyde, sa face cachée. Jekyll est également le prétendant de la fille d’un ministre – le Sir Carew du livre ; mais un jour Jekyll se transforme sans prise de drogue et agresse la fille de Carew. Il tue également le parlementaire venu défendre sa descendance. Jekyll devient Hyde désormais de manière soudaine, et c’est sous cette forme qu’il finira, pris au piège, par préférer le suicide.

Commentaires : Le scénario s’inspire sans doute de la pièce de Thomas Russell Sullivan présenté en 1887 qui introduit la fille de Carew et féminise le récit initial de Stevenson. En 12 mn, Henderson monte une trame efficace, il garde l’épisode de la fille renversée, le meurtre de Carew, et nous offre une fin dramatique.

Il s’agirait là de la quatrième adaptation connue de Stevenson et, apparemment, la plus ancienne encore visible.

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Dr Jekyll and Mr Hyde

mars 1908 Film de Otis Turner (USA) basée sur la pièce tiré de L’Etrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde (1886) de Robert Louis Stevenson

Histoire : Dans un jardin, le Dr Jekyll courtise Alice, mais, déjà sous l’effet de la potion qu’il a créé, se transforme et l’agresse. Le père de la jeune femme vient à son secours. Il succombe sous les coups de Hyde. Plus tard, Jekyll, en visite à un ami avocat de la Chancellerie délire et se voit jugé et pendu. Lorsqu’Alice visitera Jekyll accablé de remords, celui boira à nouveau la potion. Là, Hyde absorbera un poison dans le but de détruire l’homme qu’il hait le plus : Jekyll, mettant ainsi fin à ses propres jours.

Jekyll-mansfield
Mansfield, acteur de la pièce de Fish, dont le jeu était si impressionnant qu’il fut suspecté d’être Jack l’Eventreur

Commentaires : Il s’agit là apparemment de la première adaptation du roman de Stevenson. Il n’en reste hélas aucune bobine. Pour une durée de 16 mn, le scénario réussi apparemment une adaptation intéressante de ce jalon de la science-fiction. L’acteur semble avoir incarné un Hyde assez terrifiant. Le roman avait déjà connu des adaptations théâtrales, et c’est une de ces réécritures, faite pour une durée courte, qui ait été à la base du film de Turner, celle écrite par Forepaugh et Fish en 1897, avec Richard Mansfield.

Turner est souvent cité comme réalisateur, néanmoins des informations contradictoires laissent planer des doutes sur ce point.

Love Microbe

octobre 1907 Film de Wallace McCutcheon – USA

Histoire : le Pr Cupido prélève sur un couple d’amoureux le microbe de l’amour. Il fabrique un sérum qu’il utilise ensuite sur des cobayes en manque d’amour. Il rend douce sa mégère de femme, provoque la passion d’un couple blasé… pour finalement l’essayer sur lui-même : après une aventure malheureuse avec une patiente mariée, il finira par recommencer une vie comblée avec sa femme désormais transformée.

Le Pr Cupido est persuadé que l’amour est l’effet d’un animalicule. Il fait un prélèvement sur un couple de pigeon et l’observe au microscope. En effet, il découvre des microbes et décide d’expérimenter : il transforme sa virago de gouvernante en dulcinée attendrie. Une injection sur un couple blasé les changent en amoureux transis. Un couple hargneux fait ensuite un cas remarquable. Alors que le fils est envoyé chercher à boire, le mari critique sévèrement la cuisine de son épouse. S’ensuit une scène de ménage violente où les casseroles volent.. Mais lorsque l’époux ingurgite la boisson qu’apporte son fils, modifiée en cacheette par le Professeur, il demande pardon à sa compagne. Celle-ci l’assomme, mais boit à son tour : l’amour règne enfin dans le ménage
Il est temps cette fois pour Cupido d’essayer lui-même le produit. Il séduit une femme qui venait par hasard lui rendre visite. Le mari, furieux, tente d’éliminer le Professeur. Heureusement, la gouvernante sauve la situation en rendant l’homme doux comme un agneau grâce à une injection. Il repart avec une épouse qui ne comprend plus ce qui se passe. Le Professeur, lui, tombe amoureux de la gouvernante qui vient de lui sauver la vie.

Commentaires : voici une comédie qu’on aimerait voir. La projection à l’écran d’un microscope filmé est à rapprocher de The Unclean World, mais le récit est ici bien plus étoffé et recherché.

La Lotion Miraculeuse

1907 Film de ? (Fr)

Histoire : une femme refuse le mariage à un homme chauve. Celui-ci utilise une lotion et retrouve sa capillarité. Subjuguée, la jeune femme consent enfin au mariage, mais sa mère, étonnée, cherche et trouve la lotion. Elle et sa fille vérifient le contenu : du liquide goutte sur leurs mouchoirs… Plus tard, lorsqu’elles essuient leurs visages, à leur grande frayeur, la barbe leur pousse… l’homme tente de sauver ses dames avec une lotion au pouvoir inverse. Cela fonctionne plus qu’espéré car les deux femmes deviennent chauves à leur tour.

Commentaires : Sans doute un « remake » de The Fabulous Hair Restorer de 1901. L’histoire ne dit pas si l’homme finit par refuser le mariage, ce qui serait une fin presque logique. Cette version comporte un raccord de regard (plan de champ contre champ comprenant un plan A de la personne qui regarde et un plan B de l’objet regardé), plan notable étant donné la date : le vocabulaire cinématographique s’invente alors jour après jour, et dans les films de pré-science-fiction aussi, bien sûr.

Hair Restorer

juin 1907 Film  de Lewin Fitzhamon (GB)

Histoire : une femme surprenant son mari dans les bras de la femme de maison lui arrache les cheveux. Celui-ci court chercher un régénérateur capillaire et retrouve sa chevelure. Mais sa femme lui cherche querelle à nouveau. Dans la bagarre celle-ci tombe dans une baignoire pleine du liquide miracle. Elle en ressort totalement poilue. Le film se termine sur la vision du mari et de son amante, dresseurs pour animaux, qui s’embrassent devant un ours gémissant : l’ex-épouse transformée.

Commentaires : Un scénario particulièrement drôle, apparemment, sur le thème de l’invention capillogène. Est-ce à mettre en relation avec les mouvements féministes (Méliès mettre lui-même en scène les suffragettes pour les ridiculiser) cela est peu sûr, même si la condition féminine (et donc de la mère de famille) est déjà en question à l’époque. A mettre en relation en tout cas avec les nombreuses publicités pour des produits régénérateurs, déjà à l’époque – et depuis fort longtemps : l’image en une est une annonce de 1907 pour un de ces produits connus alors de longue date.

Et puis, en un sens, ce film est une prémonition de Chewbacca ^^ !!!

 

Un Chirurgien Américain

1897 Film de Georges Méliès (Fr)

Histoire : Un clochard qui a perdu ses jambes se rend chez un chirurgien qui les lui remplace. Ce dernier pensant qu’il pourrait aider le pauvre hère en lui remplaçant une tête peu engageante procède à l’opération et lui octroie un visage d’une beauté parfaite. Mais cette tête est horrifiée en découvrant le corps qui la supporte et le chirurgien se voit dans l’obligation de changer également le torse de l’homme qui repart, cette fois, comblé.

Commentaires : Peu de matière : ceci est-il réellement classable en pré-science-fiction, difficile à dire à partir de si peu. Le sujet, le fait que ce chirurgien soit américain laisse penser que oui. Pourquoi le chirurgien est-il américain, le mot a-t-il alors une connotation de modernité ?
Le film – perdu – reprend sans doute le thème, récurrent chez Méliès, du personnage du savant tourné en dérision – proche du charlatan de foire, agrémenté de jeu d’acteurs bondissants et d’effets spéciaux détonants (la découpe de corps, notamment de tête est plusieurs fois utilisée chez Méliès).

Il est amusant de voir que le problème pour le chirurgien américain vient lorsqu’il utilise la médecine non à des fins de traitement mais pour l’ « esthétique », la question d’une médecine qui pourrait ne pas être uniquement utilisée pour le simple soin se posant à nos contemporains.

(On trouvera un thème proche en 1902 avec « Une chirurgie fin de siècle » où un chirurgien découpera la tête d’un patient pendant que son assistant contient les jambes déjà découpées.)

Les Rayons Roentgen

1897 Film de Georges Méliès (Fr)

A la relecture l’aspect science-fictionnel de ce film me paraît nettement moins évident. Je laisse l’article pour l’instant.

Histoire : Un professeur reçoit un client qui veut essayer les rayons X. Mais lorsque son squelette apparaît, il s’échappe, laissant chair et costume sur le sol. Le client ayant pu retrouver sa forme après inversion du processus refuse de payer le professeur. Une querelle s’ensuit durant laquelle la machine à rayons X est détruite.

Les Rayons X, une attraction
Rayons X à l’entre-sol !!

Commentaires : sans doute inspiré de The X-Ray Fiend (cité dans la page refusés) – et réalisé 3 mois après – Méliès donne avec Les Rayons Roentgen une version qui ne manque pas de piquant. Elle relève, en un sens, de la science-fiction horrifique, et se termine par la destruction de la machine ce qui peut être vu comme une happy end avec morale. Roentgen est le nom du découvreur – ou inventeur – du Rayon X, découverte qu’on peut dater de 1895. Ce qu’a d’incroyable l’invention, son rapport au cinéma même, en font un sujet d’adaptation d’évidence.

On signalera la réalisation, 2 ans plus tard, de The X-Ray Mirror de McCutcheon. Il est également cité dans la page des refusés de la science-fiction.

Les Rayons X ont connu un développement fabuleux, comme le cinématographe. En cette année 1897, ils sont une véritable attraction, comme le montre l’affiche ci-dessus. Utilisés par les adeptes des séances de « néo-occultisme », trouvant un usage militaire, publicitaire, efficace pour les douanes (visualisation sans déshabillage bien sûr) et faisant la joie de certains amateurs. On constate pourtant déjà les premiers cancers dus à l’exposition importante à ces rayons, cancers terribles vu la durée des expositions et l’absence de toute protection, tant pour les cobayes que pour les expérimentateurs.